Notre histoire commence un jour en Perse, à une époque si lointaine qu’elle précède l’histoire des hommes. Ce jour vit naître d’une pierre, sous un arbre sacré, au pied d’une source divine, le dieu Mithra, sous le regard ébahi de quelques pasteurs (au hasard…3) qui observaient la scène cachés dans la montagne voisine.
Le petit Mithra avait bien une maman, la déesse Anahita qui signifie “Immaculée”, ce qui explique pourquoi cet enfant est sorti de la roche et non des entrailles de sa mère comme tout le monde.
Il arriva pimpant coiffé d’un bonnet phrygien, équipé d’un flambeau qui illumina les ténèbres et tout naturellement armé d’un couteau…Déjà très dégourdi, il s’en alla tailler quelques branches d’un figuier, se sustenta de ses fruits et se confectionna une petite tenue saillante avec ses feuilles…normal.
Bref Mithra avait plutôt le swag et comptait parmi ses meilleurs copains les dieux, le Soleil qui lui donna carrément l’investiture et sa belle couronne radiée qu’il ne quitta plus jamais.
Il vécut plein de péripéties mais la plus mémorable des ses aventures épiques fut sans conteste sa rencontre avec le taureau.
Un beau jour, Mithra croisa la bête sauvage qui paissait paisible dans la montagne lorsque qu’il eut l’idée de la dompter. Il la saisit par les cornes et l’enfourcha paré pour un rodéo anthologique. Le taureau furieux se cabra dans une course folle et déploya toute sa puissance pour repousser le présomptueux. Mais Mithra tint bon et finit par épuiser l’animal qu’il traîna fièrement dans la caverne qui lui servait de demeure.
Content de lui, il comptait en rester là, laissant le taureau s’échapper dans la campagne. Néanmoins, le Soleil qui ne l’entendait pas de cette oreille, envoya son messager le corbeau, ordonner à son poulain d’achever l’animal. A contrecoeur, Mithra accompagné de son chien, poursuivit le taureau et lui porta le coup fatal au flanc avec son couteau.
Et là, ça devient franchement mirifique. Du corps du taureau jaillirent toutes les herbes et les plantes bénéfiques qui se répandirent sur la Terre . De sa moelle épinière germa le blé qui donne le pain et de son sang, la vigne qui donne le vin (tient ça me rappelle un truc…).
Au même moment, quelques petits esprits malveillants, un scorpion, une fourmi et un serpent, essayèrent d’empoisonner cette nouvelle source de vie en grignotant les attributs du taureau. Mais en vain, car la Lune fit son entrée, recueillit et purifia la semence qui produisit toutes les espèces d’animaux utiles et devint par la même occasion la gardienne des troupeaux.
En bref, en -1500, le créateur, c’est un peu Mithra.
Après avoir accompli une foule d’autres exploits, il finit par prendre sa retraite avec les autres immortels dans les cieux tout en gardant un oeil bienveillant sur son oeuvre. Dès lors, Mithra devient un mythe qui traverse les âges et les civilisations.
Il est le génie de la lumière céleste et féconde, le maître des vastes campagnes, le protecteur des guerriers, le dieu de la vérité et de la loyauté.
On le symbolise parfois sous la forme d’un lion, évocation du feu, de la lumière mais sa représentation la plus fréquente est indéniablement la tauroctonie.
Le mithriacisme divinise les saisons, les quatre vents et les quatre corps simples : le feu, l’air, la terre et l’eau, capables de s’entre-dévorer et de réduire à néant l’ordre établi.
Porté par les légionnaires, le culte païen entre à Rome au Ier siècle de notre ère et se flatte de rassembler les cultures et les classes sociales les plus opposées. Dans l’Empire Romain, chaque 25 décembre on célébrait la naissance du dieu solaire Mithra. C’était la fête du Sol Invictus, Le Soleil Invaincu (là normalement, ça doit faire tilt).
Le Mithriacisme disparaîtra au IVeme siècle lorsque le Christianisme devient la religion officielle et unique de l’Empire. Mais de nombreuses traces demeurent dans nos traditions les plus célèbres sans que nous y prêtions attention.
Nous terminons ici notre petit conte de Noël Le Nez Insurgé qui s’inscrit dans l’énigme que nous vous avons proposée avec notre vitrine de décembre. Il fallait analyser les différents symboles : le lion, le soleil, la lune et la constellation du taureau pour résoudre le mystère et apporter la réponse : 25 décembre – Mithra
Et si cette énigme était un parfum…