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L’Ancien et Le Zen , la sale équipe de LA PARFUMERIE PODCAST

Connaissez-vous La Parfumerie Podcast? Une épique équipe de pirates qui bousculent un peu les bonnes manières de la parfumerie. Un verbe pour le moins décomplexé ponctué de punchlines et d’humour coupant. L’essentiel étant qu’écouter La Parfumerie Podcast c’est se souvenir que le parfum se sent partout, dans la rue ou dans l’intimité, le parfum suggère l’humain, le parfum s’adresse à tous. Forcément ça nous parle…

Commençons par le commencement : qu’est-ce que La Parfumerie Podcast?

L’Ancien : La Parfumerie Podcast c’est un média qui vise à démocratiser le parfum. C’est un rempart contre la banane, contre les rumeurs et les supercheries des marques en matières de ventes de parfum et de stratégies marketing. Quand on dit démocratiser, on parle de rendre accessible et compréhensible ce qui touche à la parfumerie. La plupart des médias adoptent un discours embourgeoisé et opaque, directement suggéré par les hautes sphères de l’industrie du parfum. La masse aime se parfumer, mais le pays du parfum a complètement annihilé sa culture de l’olfaction. C’est donc à la masse qu’on s’adresse, qu’on essaie d’encadrer, à notre modeste échelle, pour la rediriger vers le beau, le vrai, l’authentique.

Le Zen : La Parfumerie Podcast c’est une saloperie sortant de deux cerveaux complètement malades et révoltés par l’industrie du parfum. Ça aurait pu être quelque chose de positif, même si le fond l’est, mais comme on a eu l’habitude de tomber sur des fils de p*tes… ça se ressent un brin dans le podcast ! Ça reste malgré tout deux passionnés qui échangent sur ce qu’ils aiment, sur ce qu’ils aiment moins aussi, dans ce qui touche au monde du parfum et de l’olfaction.

Quel rapport entretenez vous avec le parfum?

L’Ancien : Personnellement, j’ai découvert le parfum, réellement du moins, il y a une quinzaine d’années. J’ai toujours été concerné par les arts et la création. Je sors d’une école de dessin, j’ai trempé des années dans la musique et la photographie, je continue mon chemin dans le parfum. Je vis l’olfaction sur des bases de diverses madeleines de Proust et d’évocations visuelles. Je suis une grande victime de synesthésies. J’attribue sans cesse des couleurs aux odeurs, qu’elles soient des matières ou des fragrances finies. Comme tout le monde, bien sûr, j’aime sentir bon. Mais je n’aime pas sentir comme les autres. J’aime que mon sillage soit une continuité de mon âme. Des parfums profonds, sombres, difficilement saisissables au premier abord.

Le Zen : Avec le parfum j’ai plutôt de bons rapports,… j’en mets tous les jours ! Plus sérieusement, mon père était déjà très parfum, sans être ce qu’on appelle un passionné comme on pourrait l’être. Il avait quand même une belle collection dans sa panoplie de playboy. C’est ça au final qui m’a mis le nez dedans. C’est aussi ce qui a donné une odeur à la complicité que j’ai avec lui. S’il y a des morceaux de musique qui sont la Bande Originale de la vie de certains, il y a certaines odeurs qui sont la mienne. Surtout qu’il y a maintenant des parfums qui s’écoutent, parait-il !? De mon côté j’essaie de reproduire ce prisme avec mes enfants. J’essaie de partager avec eux ma passion, mes goûts, de leur faire profiter de ce que j’ai pu apprendre dans le domaine, de manière à ce qu’ils soient éduqués olfactivement.

Parfum à part, qu’est-ce qui vous inspire?

L’Ancien : Ma vie c’est l’Afrique. Ma famille, mon inspiration, ma respiration, c’est l’Afrique. La culture, LES cultures, l’éducation, les traditions, la peau et l’odeur de ma femme, du charbon qui chauffe, du riz qui crame, du mafé qui est servi, l’encens qui brûle dans la chambre, ce connard de coq qui bousille mes enregistrements… Ce qui m’inspire et ce qui me fait vibrer c’est ça, surtout si je sens bon.

Le Zen : Ceux qui connaissent bien le podcast le savent, on fait souvent le parallèle entre le parfum et la musique. Même si on a jamais partagé ces moments, L’Ancien et moi on a eu une grosse expérience dans ce monde, pendant de nombreuses années. Une vraie passion vécue à fond. Ça se ressent clairement dans nos épisodes et on est particulièrement touchés quand on voit des gens qui viennent de ce milieu et qui entrent de plain- pied en parfumerie. Ça se ressent dans la création et tout ce qu’ils touchent à ce niveau.

Qu’attendez-vous d’une marque aujourd’hui?

L’Ancien : Ce que j’attends d’une marque c’est qu’elle se démarque. J’attends qu’elle décolle son nez des analytics et qu’elle le foute en entier dans ses formules. Qu’elle cesse de penser en terme de généalogie olfactive pour argumenter des parfums sans inspiration, sous prétexte d’inspirations passées. J’attend d’une marque qu’elle me gifle en découvrant ses parfums, qu’elle me surprenne et qu’elle en téléporte dans le monde qu’elle me propose. Si c’est pour rester stoïque devant la vitrine de son propos, je zappe.

Le Zen : Personnellement, j’attends qu’elle soit elle-même. Qu’elle ne cherche pas à pomper des codes qu’elle ne maitrise pas. Que chacun vienne avec son propre discours, sa propre histoire, sa propre trajectoire. Qu’elle nous propose de la créativité, qu’il y ait quelque chose de qualitatif en profondeur, pas seulement dans les atours.

Qu’est ce qui selon vous distingue la parfumerie de niche de la parfumerie sélective?

L’Ancien : C’est l’indépendance. Qu’elle soit juridique ou créative, ça se ressentira dans le jus. La Niche des débuts innovait en nous ramenant à l’époque du parfum sans concession. À l’heure d’aujourd’hui la Niche se rapproche du Mainstream parce qu’elle fait de l’argent. Les grands groupes qui rachètent ces jeunes marques réfléchissent mathématiquement, mais aussi de par leur expérience avec les grandes marques. Ce que ça entraine surtout c’est l’avènement de la Pop Niche, des marques venues faire du bif en jouant la carte du confidentiel et du luxe. On aura chez elles ni la qualité du Mainstream qu’elles copient sans scrupule, ni le caractère et la singularité de la Niche à laquelle elles s’affilient.

Le Zen : Ben c’est justement ce qui nous a plu dans la parfumerie de Niche au début. Il y a quelque chose de plus personnel. Ce sont de petites marques, ça nous donne l’impression de nous sentir plus proches des créateurs. C’est un rapport plus intime au parfum en fait. On y trouve des gens qui s’expriment plus et ça va donner plus d’œuvres qui sortent du commun, qui sortent des sentiers battus. Ça donne de très belles choses.

Qu’est-ce qu’un “briseur de nuque”?

L’Ancien : Un briseur de nuque est un parfum qui fera se retourner le passant sur notre passage. Un parfum qui fait des ravages, des victimes. Il se peut qu’on entende craquer les vertèbres, plusieurs mètres après le croisement. Suivant l’efficacité de la fragrance, le craquement touchera une région plus ou moins grande entre la nuque et le coccyx. Il se peut que des nausées surviennent après coup. Dûes notamment aux vertiges et au séisme émotionnel engendrés. On conseille dans les cas les plus graves de prendre le numéro de la victime, afin de convenir d’un rendez-vous médical particulier.

Le Zen : On a grandi dans les années 1990, le briseur de nuque c’est une référence aux films de Steven Seagal. C’est un truc marrant entre nous. Ça désigne le parfum qui ne laisse pas indifférent, qui fait se retourner les têtes sur le chemin, qui attire les compliments envers celui qui le porte. Mon père c’est lui qui m’a mis le pied à l’étrier, le nez dans la farine ! C’était la veste, la chevalière, la chaine… et la touche final, le coup fatal, c’était le parfum. Avant même de l’avoir vu, on l’avait senti, il avait imposé sa présence. Mon enfance a été marquée par tous les classiques de l’époque. Les blockbusters des années 1990 avaient ces attributs là. Avec mon évolution dans le parfum, de nos jours, j’essaie de sortir des standards imposés par la parfumerie mainstream, parce que ça n’est pas la même approche du parfum qu’on trouve dans la Niche. Ceci dit, j’y trouve quand même de bons gros briseurs de nuque.

Quelle est votre quête parfumée du moment?

L’Ancien : Ma quête du parfum a longtemps été de trouver ma signature olfactive définitive. J’ai vite compris que l’homme ne peut être réduit à un seul caractère. Depuis, je cherche le kif. Je veux que le parfum me fasse vibrer et prenne mon âme, mais sur le long terme. Je déteste être victime d’une hype, qui me conduira à un achat regretté. Personnellement, je peux mettre des années avant d’acheter mes parfums. Je fais ma wishlist, je la modifie en fonction des mises à jour, de mes émotions, sur un très long terme. Ensuite, une fois peaufiné, je passe au crime.

Le Zen : Ma quête parfumée du moment c’est de trouver un parfum qui me touche, qui m’émeut. La première fois que j’ai senti Iris Silver Mist de Serge Lutens j’ai été touché, le parfum m’a ému. Au moment où je l’ai senti j’ai eu cette impression d’être transporté ailleurs; je n’étais même plus dans la parfumerie. Il m’a envoyé très loin, comme dans un film de Christopher Nolan. C’est cette sensation que j’aimerais retrouver en fait. Mais plus on avance dans le temps et plus on a d’expérience, moins on est sensible. On perd ce souffle coupé qu’on avait les premières fois. C’est comme tomber amoureux, on cherche ce cœur qui palpite. Mais je pense que plus je vais avancer dans l’olfaction, moins j’aurai de chances de retrouver cette sensation. Mais bon, on aime ça, on cherche encore.

Quel parfum portez-vous aujourd’hui? Pourriez-vous l’expliquer en 3 mots?

L’Ancien : Aujourd’hui, je porte L’Odorat Etude 1.5 de Pentalogies. Je suis un dingue de cuirs. Ce parfum a la texture que j’aime, la profondeur nécessaire, un sillage classe et intriguant. En dehors de la nature du discours, le parfum me touche olfactivement. Il utilise une formule un peu complexe pour envoyer une homogénéité apparente. J’aime beaucoup le porter mais l’échantillon commence à s’inquiéter. Heureusement, l’acte approche. Pile 3 mots !

Le Zen : Je porte Le Lion de Chanel, un parfum que j’ai eu du mal à apprivoiser au début. Donc 1) Apprivoiser. Ensuite c’est devenu un parfum addictif. Donc 2) Addictif. Et aussi, c’est un parfum qui me fait voyager. Je comprends le propos et il y a quelque chose de majestueux, comme un lion. Voilà, donc ça donne : Apprivoiser Addictif et Voyagestueux !

Suivez La Parfumerie Podcast et retrouvez l’entretien avec La Parfumerie Podcast Le Nez Insurgé : Parfumerie résistante à Bordeaux et l’épisode Box Le Nez Insurgé x La Parfumerie Podcast sur les thèmes Noirs et Parfums séducteurs.

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7 janvier 2022

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